Julien Savi est membre de l’association Pagestec, qui regroupe près de 300 professeurs de technologie en France. Ce Charentais, qui enseigne en collège dans l’académie de Créteil, plaide pour le rétablissement du concours de professeur de technologie (Capet) supprimé en 2012.
Dessin Goubelle
Comment s’explique le manque de professeurs de technologie ?
Julien Savi. Depuis cinq ans, il n’y a plus de concours en techno. Ce sont les professeurs de STI2D (sciences et technologies de l’industrie) qui sont amenés à enseigner cette matière où il y a plus de postes que de candidats. Les collègues de STI ne veulent pas aller en collège alors qu’ils ont l’opportunité de travailler dans de bien meilleures conditions en lycée, avec des élèves plus grands qui ont choisi l’option, en petits groupes et avec des moyens plus gros. Ce à quoi il faut ajouter les départs massifs à la retraite des professeurs de technologie recrutés dans les années 70. Il y a donc de gros manques sur le collège et l’Éducation nationale ne fait que gérer la pénurie.
Pourquoi est-ce si difficile de recruter des professeurs de technologie ?
Il y a un problème d’attractivité du métier. Pour passer le concours de STI2D, il faut avoir un bac + 5, un master II. Or, dans les matières concernées (mécanique, électrotechnique, voire même architecture), à ce niveau d’études, on est ingénieur. Et en tant qu’ingénieur, en début de carrière, on gagne 3 000 € par mois. Comme prof, vous démarrez à 1 500 €. Trouver des contractuels n’est pas non plus aisé : les programmes actuels contiennent des notions d’automatisme et de programmation informatique qui ne sont pas connues, par exemple, d’un diplômé des métiers du bâtiment qui pourrait postuler pour enseigner en collège. Beaucoup d’académies, devant la pénurie, ne font pas les difficiles sur les profils de vacataires, mais sur des pans entiers du programme, les personnes recrutées sont perdues.
L’enseignement de la technologie vaut-il le coup d’être défendu ?
C’est un choix de société. On peut choisir de laisser une génération de citoyens subir la technologie ou on peut former des citoyens actifs et éclairés capables de choisir un système plutôt qu’un autre. Actuellement, les jeunes se débrouillent très bien avec les nouvelles technologies qu’ils ont en main, mais cela ne veut pas dire qu’ils comprennent comment elles fonctionnent. La techno au collège permet de comprendre le fonctionnement technique des objets qui nous entourent. En plus de pouvoir susciter des vocations chez de futurs ingénieurs.
Source : http://www.charentelibre.fr/2017/11/27/enseignement-les-profs-de-technologie-manquent-a-l-appel,3170786.php
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